dimanche 14 septembre 2014

Changements et existence

Quel titre profond! La profondeur... Qu'est-ce que c'est au fond, la profondeur? Je n'arrête pas de me demander depuis quelques temps ce qu'est la profondeur et l'intelligence dans l'art. Depuis que je suis à l'ECTQ, j'ai rencontré pas mal de gens de partout. Plusieurs ont lu et vu des livres et des films dont je ne connais même pas l'existence et plusieurs sont adeptes de ces fameuses choses artistiques et abstraites qui n'ont pas de sens à première vu.

Au cours d'une discussion avec ma colocataire, j'ai dit que je n'aimais pas ce genre de chose parce que je le trouve trop inaccessible. Elle n'a pu qu'approuvé. Il y a une telle glorification de ces choses comme je les appelle, ces choses qui sont "profondes", "intellectuelles", "originales", "intelligente". Je regarde ce que moi je lis et ce que j'écoute et je me rends compte que je suis à des années lumière de cet univers. Je suis dans la fiction, je suis dans la fantaisie, ce que j'aime est étrangement concret, souvent naïf, toujours immersif. Je ne crois pas que le caractère fictif d'une oeuvre lui ôte sont réalisme ou sa vérité, je ne crois pas que le fait de dire clairement et simplement ce que l'on veut dire soit nécessairement niais ou moins intelligent. Je ne crois pas que l'abstraction serve l'art, je ne crois pas que l'inaccessibilité d'un média le rende meilleur ou plus intéressant. Au contraire, je ne vois pas l'intérêt de créer, de travailler aussi dure sur quelque chose qui nous tiens autant à coeur si c'est pour qu'au final, peu de gens la comprenne. Si l'art est un moyen de communication, ne devrions-nous pas alors l'employer comme un langage et cessé de jouer aux devinettes? Ce n'est peut-être que moi après tout, mais franchement, les charades, ça m'emmerde. Ce n'est pas que je n'aime pas réfléchir, au contraire, cependant, j'aime réfléchir efficacement et j'ai toujours l'impression de perdre mon temps quand je passe plus de temps à me demander "mais qu'est-ce que ça veut dire?" plutôt que de réfléchir au contenu lui-même.

J'ai beaucoup réfléchi dernièrement, et pas qu'à l'art. Je pense beaucoup à ma grand-mère, à quand j'étais petite, à sa maison. Cet endroit qui devait rester le point fixe de mon existence, cet endroit que j'ai cru immuable et qui aujourd'hui ne subsiste que dans ma mémoire. Ce que je donnerai pour retrouver ce lieu ne serait-ce qu'une journée! C'est étrange de constater à quel point les choses changent de façon définitive. Dans une semaine, ce sera l'anniversaire de la mort de mon amie. 1 an. Elle avait 24 ans, soit mon âge, soit même pas le quart de la vie qu'elle aurait dû avoir. C'est fou... Depuis l'an dernier, c'est terminé. Terminé. Quel mot abrupte. Je pense beaucoup à elle dernièrement. Après un an, je ne sais toujours pas ce que ça me fait. Je ne sais pas si un jour je le saurais... Quand je regarde autour de moi, je vois cette nouvelle chambre que je combat, cette chambre que je refuse d'appeler mienne et que j'occupe et j'ai l'impression d'être seule. Mes amis sont loin, ma famille et ma maison aussi. Ce n'est pas ma maison en tant que tel que je regrette mais cette sensation d'être chez soi, le contour familier de chaque pièce, et surtout, surtout, le fait d'avoir toutes mes affaires à porter de main.

Je pense beaucoup dernièrement. Je me souviens de mon traumatisme, mais je ne ressens plus rien. Est-ce une bonne chose? Je suis presque triste de ne plus ressentir cette colère à laquelle je m'étais habituée, mais c'est plutôt reposant d'être enfin en paix. Je pense beaucoup à mes amis qui me manquent énormément. Je ne pensais pas qu'un jour je serais si attachée à un groupe d'individus. Je pense à chacun d'eux tous les jours, religieusement. Je pense déjà à la fin de ces 5 mois et je pense à la peine que je ressentirais en quittant mes nouveaux amis et en voyant ce chapitre se terminer si rapidement, je pense aussi à ce soulagement que j'aurais de pouvoir enfin rentrer chez moi. J'ai peur de m'attacher à eux, à ces gens que déjà j'aime tant et de souffrir de nouveaux d'avoir perdu mes amis. Chaque jour je vis cette souffrance solitaire et je tente néanmoins de bien vivre pendant ces 5 mois.

Doucement, je recommence à dessiner.